Contraction de Bombay (devenue Mumbai), coeur vibrant de l’industrie cinématographique indienne en langue hindi, et du Hollywood californien, l’appellation « Bollywood » apparaît dans les années 1970 sous la plume de journalistes, sans que nul ne puisse en revendiquer la paternité. Le cinéma indien n’a toutefois pas attendu le gigantesque succès de Bollywood pour s’affirmer. Dès 1913, le film muet « Raja Harishchandra » (Le roi Harishchandra), souvent présenté comme le premier long métrage indien de l’histoire, jette les bases d’une industrie qui deviendra florissante avec l’arrivée du cinéma parlant. Ce grand bond en avant date précisément de la sortie, en 1931, du film « Alam Ara » (Lumière du monde), qui ouvre la voie au genre chanté, véritable déclencheur du phénomène « Bollywood ». En interprétant, sous les traits d’un fakir, « De De Khuda Ke Naam Pyare » (Au nom de Dieu), titre phare de cette production en hindoustani (hindi-ourdou), le chanteur Wazir Mohammed Khan ignorait qu’il devenait le pionnier d’une des formes musicales les plus vénérées (et vilipendées) du sous-continent.
Ce recueil se devait de plonger aux sources musicales de ces chansons de film, devenues au fil du temps une caractéristique prédominante de la culture indienne au sens large. Plusieurs titres de « Nostalgique Bollywood » renvoient aux chants dévotionnels et à l’héritage ancestral de la tradition théâtrale indienne , du ramila, reconstitution de la vie de Ram, roi mythique et avatar du dieu Vishnou, au nautanki, opéra folklorique du Nord de l’Inde dérivé de contes romantiques, historiques ou mythologiques, en passant par le tamasha, genre dramatique marathi du Maharashtra (centre-ouest) accompagné de chant et de danse.